FR
Simultanément aux premiers « rouleaux », en 2008, alors qu’elle est en dernière année d’école et a enfin toute liberté sur ses projets, Eva Evrard réalisera 228 paroles volées, une œuvre avec laquelle l’action chinoise allait donc entrer en résonance sur le fond, cinq ans plus tard. Pour la consi- gnation ultérieure de cette première action dans la rue, la structure du rouleau est abandonnée au profit de l’utilisation de dix feuillets non reliés, format carnet, chacun constitué de quatre pages. Ces quarante pages volantes présentent les reports inscrits à l’encre de Chine en caractères microscopiques des paroles ou bribes de paroles de passants, capturées par l’artiste au cours de ses déplacements dans différents lieux animés de la ville de Bruxelles, tels que bus, trams ou cafés où la proximité obligée permet une écoute sporadique mais discrète. L’effet de transparence du papier translucide choisi délibérément par l’artiste permet à certaines de ses perles de conversations de se croiser visuellement sur les deux faces de la feuille. Comme souvent, l’écriture est tout à fait microscopique et les phrases rapportées sont difficilement lisibles... leur configuration reconnaissable mais indéchiffrable ne manque pas d’évoquer le brouhaha inaudible des voix des uns et des autres dans les lieux bondés et bruyants de la ville...
Ann Hindry
Critique d'art
EN
Simultaneous with the first “rolls”, in 2008, made when she was in her final year at La Cambre and at last had a free hand with her projects, Eva Evrard made 228 Paroles volées, a work whose contents would be echoed by that Chinese action five years later. For the subsequent recording of this first action in the street, the structure of the roll was abandoned in favour of ten unbound sheets, in notebook format, each folded to make four pages. These forty pages displayed words or snatches of words spo- ken by passers-by and picked up by the artist in various busy locations in Brussels, on buses or trams, in cafés or other places where physical closeness allows for sporadic but discreet listening, then noted down in microscopic characters in Indian ink. The transparency effect of the translucent paper deliberately chosen by the artist means that some of these conversational gems visually connect from their respective sides of the sheet. As is often the case, the writing is microscopic and it is difficult to read the words that are recorded. Recognizable but indecipherable, their configuration inevitably evokes the hubbub of voices in crowded and noisy spots around the city.
Ann Hindry
Art critic
Ces quarante pages volantes présentent les reports inscrits à l’encre de Chine en caractères microscopiques des paroles ou bribes de paroles de passants, capturées par l’artiste au cours de ses déplacements dans différents lieux animés de la ville de Bruxelles.
These forty pages displayed words or snatches of words spoken by passers-by and picked up by the artist in various busy locations in Brussels.