FR
Les sculptures-livres d’Eva Evrard sont, quant à elles, taillées et construites ex nihilo à partir d’éléments usuels inertes (papier, carton, colle, encre, éléments divers...) avec lesquels elle va créer à chaque fois une structure nouvelle en vue de donner corps à un propos unique. La première œuvre de la série, intitulée Une minute, est à la fois emblématique de l’aspiration passionnée de l’artiste à la connaissance la plus large en même temps qu’elle rend compte explicitement du lien qu’elle tisse entre celle-ci et le temps que son acquisition progressive implique. Une manière d’exprimer peut-être aussi, plus personnellement, son désir toujours inassouvi de « rattraper le temps perdu ». Des pages extraites de définitions et illustrations « scientifiques » de sujets distincts, tirées d’une encyclopédie à l’ancienne, se découvrent et se recouvrent d’une page blanche au gré de la manipulation de l’objet. Ce parcours de lecture est ponctué d’une forme de minuterie manuscrite apparaissant, soit au milieu de la page blanche soit au travers de la lucarne taillée horizonta- lement dans une autre page et qui viendra se superposer à celle-ci selon la manipulation (le feuilletage) de l’ensemble – un rappel du temps passé à engranger les informations relevées dans les pages illustrées.
Ann Hindry
Critique d'art
EN
Eva Evrard’s book-sculptures are, for their part, made and con- structed ex nihilo using the customary inert elements (paper, cardboard, glue, ink, various elements) with which, on each occasion, she creates a new structure in order to embody a unique intention. The first work in the series, One minute, is emblematic of the artist’s passionate aspiration to knowledge while at the same time explicitly reflecting the connection that she weaves between this and the time implicit in its gradual acquisition. This may also be a way of expressing, more personally, her still unsatisfied desire to “make up for lost time”. Pages from “scientific” definitions and illustrations of specific subjects taken from an old-fashioned encyclopaedia are discovered or covered on a white page as one handles the object. This reading sequence is punctuated by a kind of handwritten timer which appears either in the middle of the white page or through a window cut horizontally into another page, which is positioned over this depending on how we handle (leaf through) the ensemble – a reminder of the time spent storing up information garnered from the illustrated pages.
Ann Hindry
Art critic
Des pages extraites de définitions et illustrations « scientifiques » de sujets distincts, tirées d’une encyclopédie à l’ancienne, se découvrent et se recouvrent d’une page blanche au gré de la manipulation de l’objet.
Pages from “scientific” defi- nitions and illustrations of specific subjects taken from an old-fashioned encyclopaedia are discovered or covered on a white page as one handles the object.