FR
Ce tableau présente des rangées de petits carrés de papier figurant chacun un œil humain différent, appliqués en léger relief sur la surface, par rangées de 34 sur 26. La disposition plus libre – certains papiers ont légèrement basculé – rappellerait presque une collecte de papillons... Chaque œil est unique. Cette « collecte » est le résultat d’une action de l’artiste dans la ville qui n’est pas sans rapport avec celles de Bruxelles et de Pékin. Devant ce tableau, on ne peut que remarquer la nature singulière de chaque œil. Malgré la densité visuelle de ces presque mille yeux consignés en bandes serrées dans un cadre fermé, on ne peut manquer de remarquer la singularité de chacun. Pour cette œuvre, qui tient aussi de l’index de la performance, l’artiste s’est postée à la grande gare du Midi à Bruxelles et a demandé au hasard aux passants la permission de photographier leurs yeux en échange d’une invitation à venir les voir dans son exposition. Elle a ensuite dessiné à partir des photos ce millier d’yeux. Les petites ogives récurrentes fichées dans les pupilles convoquent l’impression ambivalente de l’aveuglement possible ou bien a contrario de la vue perçante, de chacun.
Ann Hindry
Critique d'art
EN
This tableau presents a row of small paper squares, each one figuring a different human eye, applied in light relief on the surface in twenty-six rows of thirty-four. The freer arrangement – some of the papers are tilted slightly – almost recalls a collection of butterflies. Each eye is unique. This “collection” is the result of an action undertaken by the artist in the city which is not unrelated to the earlier ones in Brussels and Beijing. Facing the tableau, we cannot fail to notice the uniqueness of each eye. Despite the visual density of all these eyes – not far short of a thousand of them – set up in tight rows in a closed frame, we still cannot fail to notice that each one is singular. For this work, which is also something of an index of the performance, the artist positioned herself at the big Gare du Midi station in Brussels and randomly asked passers-by if she could photograph their eyes in exchange for an invitation to come and see the result at her exhi- bition. She later made her drawings based on these thousands of eyes. The small nose cones – that recurrent motif – positioned in the pupils evoke the ambiguous impression of each person’s possible blindness or, on the contrary, penetrating vision.
Ann Hindry
Art critic